Courrier des lecteurs - N°134 - Mai/Juin 2015

Libération

De Jean-Pierre Milpied [Mailly-la-Ville], propriétaire à La Brée, par email, concernant l’article «Il y a 70 ans, la libération de l’île d’Oléron» (JdP n° 133)

«On peut saluer le courage, l’abnégation, la valeur des combattants de l’armée régulière et des maquisards, ceux d’Oléron comme ceux du maquis Fournier débarqués à la Vieille Perrotine. Mais le 30 avril est plus connu pour être la date du suicide d’Hitler ; et les armées américaines approchaient alors de Nuremberg, les Britanniques de Brême et les Russes de Stettin. Alors pourquoi le dernier soldat français mort en combattant sur le sol national fut-il Marcel Normandin, de Boucefranc, tué à la Rémigeasse, le 1er mai 1945 ? Le débarquement sur Oléron est le dernier épisode de la bataille de «la poche de Royan». Les Allemands avaient évacué entièrement la France, sauf les bases navales et de sous-marins de Dunkerque, Saint-Nazaire, La Rochelle, ainsi que l’estuaire de la Gironde dont Oléron était le dernier bastion et qu’ils tenaient toujours, sachant que, s’il y avait combat, ils ne pourraient attendre aucun secours de la part de l’armée allemande. A partir du 9 mai, l’amiral Donitz signant la paix, ces bases seront évacuées sans combat : pas un mort ni un obus tiré à La Rochelle, Saint-Nazaire ou Dunkerque. Alors pourquoi avoir attaqué la poche de Royan et terminé en mai la libération d’Oléron ? La poche de Royan, comme Dunkerque, La Rochelle ou St-Nazaire, serait tombée comme un fruit mûr. C’était une question de jour. Pourquoi avoir «libéré» Royan le 15 janvier ? Le terme libéré est d’ailleurs un doux euphémisme : la commune de Royan a été rasée à 80%, plus de 4 000 maisons détruites, et plus de 750 civils, qui n’avaient pas cru bon d’évacuer malgré les mises en demeure et n’en croyaient ni leurs yeux ni leurs oreilles, sont morts sous 1 651 tonnes de bombes lâchées par les 354 Lancasters anglais, soit 1 637 tonnes de bombes explosives et 14 tonnes de bombes au napalm (une première !). Triste «libération» ! […] 

La guerre, côté Verdon et côté la Coubre et Oléron, continua jusqu’en avril. Les forces en présence : les Allemands : Royan : 5 500 soldats, pointe de Grave 4 500, Oléron, 2 000. Soit un total d’environ 12 000 hommes, soldats allemands, mais aussi polonais, tchèques, ukrainiens, russes, italiens (190 dans l’île). 

Dans le ciel, bombardement par 1 300 avions, dont 100 français, qui effectueront 5 400 sorties au cours desquelles le napalm sera employé massivement pour la première fois. Sur mer, la flotte de l’amiral Rue : le croiseur Duquesne, le cuirasser Lorraine, les frégates La Surprise, Basque, Alcyon, le destroyer Hova, l’aviso Amiral Mouchez, plus une flottille de la marine canadienne. Sur terre, sous le commandement du général Larminat, la 23e division d’infanterie regroupant aussi les anciens des maquis, 23 700 hommes, l’artillerie du général Bank, une brigade de 6 700 hommes dite brigade d’Oléron commandée par Adeline, ancien chef du maquis du Périgord reclassé général de l‘armée régulière, les blindés de la 2e DB du général Leclerc avec régiments de Zouaves, de Tirailleurs marocains, soit 30 400 hommes. Au total, plus de 60 000 hommes et les chars de la 2e DB ; la marine française et l’aviation anglaise. On voit que le rapport de force est confortable pour les attaquants. Deux jours de combats, 15 et 16 avril, et quand l’amiral Michaelles se rendra, il avouera sa surprise d’avoir rassemblé contre lui une telle armée ! Restait Oléron. […] Il faut donc une victoire, ajouter un nom dans la liste comprenant Bir-Hakeim et Montecassino, cueillir les lauriers, et le général Larminat, gaulliste de la première heure, n’en était pas tellement couvert. Il fallait donc couper les lauriers et il était plus facile de les couper à Royan qu’à Berlin, Saint-Nazaire ou Dunkerque, mieux défendues. La 1re armée du général de Lattre était en Allemagne. La 2e DB de Leclerc s’apprêtait à passer le Rhin lorsqu’il fut rappelé par De Gaulle, qui avait arraché cet accord à Eisenhower. Lorsqu’il l’apprit, Leclerc était en rage. Il écrivit à Massu : «J’ai tout essayé et je me suis heurté à un mur. L’argument dont le général De Gaulle n’a pas voulu démordre est qu’il y en avait encore pour longtemps et que nous aurions largement le temps d’arriver sur le Rhin. C’est en participant à l’invasion du Reich que l’armée française pouvait se couvrir de gloire, et pas en allant s’embourber dans les parcs à huîtres de Marennes.» La presse de l’époque ne s’y trompa pas non plus et critiqua cette opération et ces pertes bien inutiles.»

 
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