Nature - N°182 - Mai/Juin 2023

Le Fou de Bassan

Son nom d’espèce, Morus bassanus, lui vient d’une très grande colonie qui niche sur l’île de Bass, au large des côtes écossaises. Quant à l’appellation de « Fou », elle viendrait du comportement caractéristique de ce prédateur

Avec sa silhouette aérodynamique, le Fou de Bassan plonge dans la mer à environ 100 km/h pour pêcher des poissons. Il avale le poisson sous l’eau et remonte alors à la surface souvent le bec vide… le fou ! Planeur hors pair, il aurait inspiré les lignes du Concorde ! 

Le plus grand oiseau pélagique de France

Pouvant vivre jusqu’à 25 ans, le Fou de Bassan pèse environ 3 kg pour une envergure moyenne de 1,70 m.

Il est facile à identifier par son envergure et ses couleurs : son plumage est blanc sur le corps, noir sur les pointes des ailes et un fondu de jaune sur la tête et le cou. De plus près, il a des pattes palmées gris noirâtre, des yeux bleus et un bec gris puissant aux narines closes. Il n’y a pas de dimorphisme marqué entre le mâle et la femelle. 

Les juvéniles ont le bec noir et un plumage évolutif qui va du noir au blanc. À trois mois, le petit Fou de Bassan pèse 4 kg, autrement dit plus qu’un adulte, ce qui l’empêche de voler et le contraint à effectuer un jeûne de deux semaines sur l’eau après avoir quitté le nid. 

D’abord sauvage, il finira en ménage…

Le Fou de Bassan atteint sa maturité sexuelle vers 5 ou 6 ans. Auparavant, les voyages forment la jeunesse et permettent de trouver de nouvelles colonies. Une fois établis, les jeunes fous sont amenés à fréquenter des sites joliment appelés « clubs de rencontre », qui leur permettent de tisser des liens avec leur future âme sœur avec qui ils resteront unis pour la vie. Arrive ensuite ce qui doit arriver, à savoir la ponte d’un œuf unique qui sera couvé par les deux parents pendant six semaines. Pendant que l’un couve, l’autre va pêcher pour se nourrir. Le Fou de Bassan a besoin de 400 à 700 g de poisson par jour, rien que ça !

Cet oiseau est protégé en France du fait notamment de son faible succès de reproduction.

Où peut-on l’observer ?

Le Fou de Bassan évolue dans l’hémisphère nord, au-dessus de l’océan Atlantique, de la Méditerranée, de la Manche et de la mer du Nord.

En France, le seul bastion de reproduction des Fous de Bassan se trouve dans les Côtes d’Armor.

En automne et en hiver, il peut être observé, avec de bonnes jumelles, à la pointe de Chassiron, les jours de météo tempétueuse.

Grippe aviaire 2022 : des conséquences dramatiques pour les Fous de Bassan !

Dans la réserve naturelle nationale des Sept-Îles, dans les Côtes d’Armor, des cas de grippe aviaire sont apparus début juillet 2022 au sein de la colonie de Fous de Bassan de l’île Rouzic, unique site de reproduction de l’espèce en France.

L’épidémie a sévi lourdement avec plus de 20 000 individus décimés. La Ligue pour la protection des oiseaux (LPO) estime une perte de l’ordre de 60 à 85 % des reproducteurs. En affectant massivement les adultes, l’épidémie a provoqué une chute de la natalité dans la colonie. Fin février 2023, les fous ont commencé à réapparaître, mais a priori moins nombreux au sein de la réserve des Sept-Îles (en cours d’évaluation).

Un changement de paradigme s’impose !

L’épisode actuel d’influenza aviaire est dû à un virus H5N1 hautement pathogène, très contagieux et incurable chez les oiseaux. L’origine de ce virus remonte à 1996, dans un élevage d’oies en Chine où une souche a muté pour devenir encore plus transmissible. L’épidémie de grippe aviaire, qui frappe tout particulièrement les oiseaux de mer, s’est intensifiée au printemps 2022 : elle opère aujourd’hui à l’échelle mondiale sur plus d’une dizaine d’espèces d’oiseaux marins. Ce triste épisode illustre l’impact sur la faune sauvage des pratiques d’élevage industriel à l’échelle mondiale et l’urgence de revoir nos modes de production alimentaire : finissons-en avec l’élevage hors-sol et privilégions les circuits courts !

Photo © CPIE MO

 

Que dois-je faire si je trouve un oiseau mort ou visiblement malade ?

Ne touchez pas les oiseaux et contactez un agent de l’OFB de votre département ou le centre de sauvegarde le plus proche qui vous indiquera la marche à suivre (Service départemental de Charente-Maritime, 05 46 74 95 20 ; centre de sauvegarde du Marais aux oiseaux, 05 46 75 37 54).


Pour en savoir plus :

Internet : www.oiseaux.net/oiseaux/fou.de.bassan.html

doris.ffessm.fr/Especes/Morus-bassanus-Fou-de-Bassan-1209 

inpn.mnhn.fr/espece/cd_nom/2437

inpn.mnhn.fr/docs/cahab/fiches/Fou-de-bassan.pdf

Livre : Les oiseaux de mer d’Europe. Paris, Arthaud, 1982


Cette fiche est réalisée par CPIE Marennes-Oléron 

05 46 47 61 85 - 111 route du Douhet - 17840 La Brée-les-Bains - www.iodde.org

Avec le soutien de naturalistes de Marennes-Oléron 

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Courrier des lecteurs
De Jean-Pierre Milpied [Mailly-la-Ville], propriétaire à La Brée, par email, concernant l’article «Il y a 70 ans, la libération de l’île d’Oléron» (JdP n° 133)

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