Complexe aquatique, rapport favorable
Après le rapport favorable du commissaire enquêteur, critiqué par les associations hostiles au projet, le permis de construire du complexe aquatique a été signé fin décembre. L'ouverture au public devrait avoir lieu fin 2008.
Quelques applaudissements, un président ému, des représentants du collectif des associations pour une piscine désabusés, quatre abstentions, l’absence de Michel Parent, maire du Château (il arrivera une demi-heure en retard)… voilà ce qu’il faudra retenir du conseil communautaire du 6 décembre dernier. Les élus avaient à se prononcer sur l’intérêt général du projet de réalisation du complexe aquatique.
L’avis favorable émis par le commissaire enquêteur a permis de lancer, dans la foulée, les travaux qui devaient commencer fin décembre par la préparation du terrain (obtention des subventions oblige). Les travaux proprement dits devraient démarrer eux d'ici deux mois. Ce projet est estimé à 16 millions d’euros hors taxes et, d’ores et déjà, 1,5 million d’euros a été dépensé pour des études. Sans revenir sur les polémiques que le projet a suscitées tout au long de son instruction (JdP n° 76, 79, 80, 81, 82 et 83), Jean-Claude Blémon, le président de la CdC, a souligné que «ce projet n’est pas celui de Jean-Claude Blémon mais de tous les Oléronais. Il découle d’une longue réflexion. Certes, au départ, une piscine était prévue mais elle n’était pas rentable. Aujourd’hui, on ne peut pas reprocher aux élus d’avoir un projet équilibré.» Des points repris dans le rapport du commissaire enquêteur. L’analyse des quelque 1 736 observations, consignées dans les livres de registres, a fait ressortir treize thèmes dont, entre autres, le coût du projet et ses répercussions sur les impôts locaux, le viaduc et les routes saturées, l’état des routes et l’afflux des touristes, ou encore la pollution des eaux du marais et de la nappe phréatique par les rejets d’eaux pluviales et de piscine, la faune et la flore, les nuisances sonores et visuelles… Dans son rapport, le commissaire enquêteur écrit noir sur blanc que «le projet ne nécessitera pas d’augmentation des impôts pour financer le projet». Les Oléronais hostiles au projet devraient donc être satisfaits de cette affirmation ! Et de signaler que «la chambre régionale des comptes qui a réalisé un audit des comptes de la CdC a déclaré la situation financière saine et même confortable en insistant sur le faible niveau d'endettement». Pour les associations opposées au projet il est évident que le commissaire n'a pas dû lire le rapport de ladite chambre dans sa globalité. La chambre régionale des comptes, qui a réalisé son audit sur la période allant de 2001 à 2004, estime, en effet, qu'il ne s'agit que d'une situation de conjoncture qui ne traduit pas la capacité de la CdC à dégager de manière pérenne des ressources propres suffisantes au financement des réalisations projetées (JdP n° 83). La chambre considère alors «qu'estimé entre quatorze et quinze millions d'euros, cet investissement est de nature à modifier la situation financière de la CdC».
De plus, si le commissaire enquêteur ne nie pas les possibles problèmes de circulation, surtout en période estivale, il ne pense pas «que le problème sera aggravé par la création du complexe aquatique car les touristes venant du continent uniquement pour le complexe ne traverseront pas Dolus d’une part et pourront également emprunter la RD 734 d’autre part pour rejoindre la RD 126 à l’entrée de Dolus. Les touristes venant du continent pour fréquenter le complexe arriveront sur l’île tôt le matin pour profiter au maximum de leur forfait journalier et passeront donc avant les bouchons traditionnels.» Quid du retour le soir vers le continent ?
Une ambiance déplorable
De plus, le commissaire enquêteur invite les opposants à méditer sur un courrier reçu lors de l’enquête publique. Le correspondant anonyme se demande «s’il est préférable d’accepter de la part des associations opposées au centre aquatique le déballage visuel, ô comment déplorable, de tant de terrains "dits de loisirs" encombrés de caravanes, de mobile homes (cloués sur place à l’année) et dans la plupart des cas dans l’illégalité totale, car en surnombre sur de petites parcelles, compromettant l’attrait de vieux villages alentour et qui dégradent les paysages naturels pour reprendre l’expression entendue !». Pour Monique Vidalenc, cette comparaison n'a pas lieu d'être. «De quel droit le commissaire enquêteur, qui dès le début s'est dit favorable au projet, se permet-il de juger le travail des associations. Pour sa gouverne elles n'ont aucun pouvoir contre les campeurs isolés, ce sont aux maires d'agir.» La signature du permis de construire, le 21 décembre, n’aura pas permis d’apaiser les tensions. D’ailleurs, dans ses conclusions, le commissaire enquêteur souligne que l’enquête publique s’est déroulée dans une ambiance «que l’on peut qualifier de déplorable». Il s’est même fait agresser verbalement par le public qui le considérait porteur du projet, d’autre part, des documents ont disparu à plusieurs reprises. Monique Vidalenc s'estime personnellement mise en cause dans ces accusations et ne compte pas en rester là. Elle a pris contact avec son avocat pour d'éventuelles suites à donner à «ces allégations sans fondement. Le commissaire enquêteur n'a pas tenu compte des nombreuses lettres défavorables au projet et qui avaient pourtant un argumentaire détaillé. Il ne répond pas aux observations. Cependant, il nous est difficile d'étudier un dossier que nous n'avons pas.» En effet, le collectif ne dispose que d'un résumé du rapport d'enquête or il demande depuis début décembre la globalité du dossier. «Nous n'avons toujours rien reçu, donc nous allons saisir la commission d'accès aux documents administratifs pour pouvoir étudier le rapport et avoir accès aux 300 lettres, donnant un avis favorable, arrivées le jour de la clôture de l'enquête publique. Ensuite, nous aviserons.»
Dans ses conclusions, le commissaire enquêteur estime que «comme tout grand projet, le complexe aquatique attire ses détracteurs, mais n’en a-t-il pas été de même pour d’autres projets ? Les plans vélo I et II par exemple que maintenant tout le monde s’accorde à trouver formidables n’ont-ils pas eu en leur temps leurs détracteurs acharnés ? […] Oléron ne doit plus se contenter de ses atouts naturels et de ses installations de base pour séduire ses visiteurs d’aujourd’hui et surtout de demain, elle doit se doter d’équipements touristiques originaux et ambitieux avec des infrastructures ludiques et attractives. Pourquoi vouloir toujours copier sa petite sœur rétaise et être toujours à sa remorque ? Ce projet ambitieux va lui permettre de s’en démarquer et de s’épanouir sur le long terme.» Il est évident que sur ce dernier point Oléron a largement «battu» au poteau sa petite sœur qui a voté la réalisation d’une piscine pour la "modique" somme de 6 millions d’euros.
Un courrier qui dérange
Dans ses conclusions, le commissaire enquêteur répond directement à Mesdames Vidalenc et Victorien concernant, notamment, un courrier adressé par le président de la CdC à ses partenaires commerciaux pour les inciter à se prononcer sur le projet, lors de l’enquête publique. Le courrier stipule «qu'un simple avis suffira pour être pris en compte. Votre opinion nous intéresse. Il est important cependant que vous écriviez en votre nom propre (ainsi que ceux de vos collaborateurs qui le souhaitent) et non pas au nom de l'entreprise (pas de papier à en-tête, tampons...).»Pour le commissaire enquêteur, «la lecture de cette lettre ne fait ressortir aucune pression exercée sur quiconque par la CdC». Cette démarche, cependant, a choqué les personnes hostiles au projet ainsi que certains maires. Si Michel Parent dénonce le côté peu moral, d’autres favorables au projet estiment, sous couvert de l'anonymat, que c’est une démarche qu’ils n’auraient pas faite.
D’aucuns favorables à ce complexe diront que la CdC a finalement fourbi les mêmes armes que ses opposants, à savoir piocher dans son carnet d’adresses pour inciter les personnes à s’exprimer. Le collectif des associations n’a-t-il pas envoyé 2 000 lettres aux signataires de la pétition pour les inciter à réagir ?«Certes, répond Monique Vidalenc, présidente de la SPPIO, mais nous n’avons aucun rapport d’argent et de force avec ces personnes. Ce n’est pas la même chose avec la CdC qui écrit à des entreprises avec lesquelles elle a l’habitude de travailler pour leur demander de bien vouloir signer les registres.»