Ile d'Oléron - N°122 - Mai/Juin 2013

Les algues contribuent à limiter l’érosion

 

Accusées de pollution visuelle ou d’odeurs pestilentielles, les algues d’échouage ont rarement la cote. Pourtant, ce phénomène naturel est indispensable au bon équilibre de l’écosystème.

C’est l’océan qui les apporte ou les remporte, par dizaines ou par milliers. Les algues se fixent sur les rochers, y grandissent, puis se décrochent. Soit au gré de la houle, soit parce qu’elles sont en fin de vie. C’est à ce moment qu’elles viennent s’échouer sur le littoral. Sur l’île, trois grandes familles sont recensées : les algues brunes, les rouges et les vertes. En 2012, un peu plus de 20 000 tonnes se sont déposées sur le sable des plages oléronaises. Le nord-est et le nord-ouest sont les secteurs davantage touchés, surtout les plages en forme de baie, où, de par leur morphologie, les algues s’accumulent plus facilement. Ce phénomène naturel n’a rien d’inquiétant, bien au contraire.

«Les algues font partie du fonctionnement des côtes, elles fixent le sable et contribuent à limiter l’érosion. Elles sont également un maillon de la chaîne alimentaire», indique Jean-Baptiste Bonnin, coordinateur de l’association Iodde (Ile d’Oléron développement durable environnement). 

Leur décomposition produit des jus nutritifs, qui servent à alimenter de petits animaux, eux-mêmes mangés par des oiseaux, des crustacés et des poissons. «Notre volonté est de ne pas toucher à ces algues afin de maintenir un équilibre entre la faune et la flore», assure Loïc Charles, responsable du pôle technique à la communauté de commune. Ecologiquement parlant, la démarche à suivre est donc de ne pas ramasser les algues. Sauf que la majorité des échouages massifs ont lieu en été, notamment à cause du réchauffement de l’eau. Régulièrement, vacanciers et Oléronais se plaignent de la gêne visuelle et olfactive. Sans oublier les réactions de panique liées à la présence d’algues vertes (lire encadré). Parfois, certaines municipalités font le choix d’en évacuer une partie, au moins pour créer un cheminement sur les plages. «ça ne doit avoir lieu que dans des cas extrêmes», préconise Jean-Baptiste Bonnin.  Mais se pose alors un autre problème : que faire de ce déchet ? C’est la question à laquelle les acteurs locaux n’ont pas encore trouvé de réponse définitive. «Ici les quantités ne sont pas suffisantes pour faire du compostage, car l’équipement coûte très cher. L’épandage d’algues fraîches pour enrichir les terres agricoles ne convient pas non plus. L’été n’est pas du tout la période propice, or c’est le moment des échouages massifs, détaille Loïc Charles. On réfléchit à la technique du clapage, permettant  de couler les algues au large. Le Conseil général a une machine permettant cela.»


 

Les algues vertes sous surveillance

C’était en 2009, sur la plage de Saint-Michel-en-Grève, dans les Côtes-d’Armor. Un cavalier et son cheval marchent sur un lit d’algues vertes échouées. L’équidé meurt en quelques minutes, son propriétaire s’évanouit mais survit. Cette malheureuse histoire est le point de départ d’une polémique autour de la dangerosité des algues vertes. Ou plus précisément du gaz toxique qui peut s’en dégager, le sulfure d’hydrogène (H2S). «C’est l’entrée en fermentation de ces algues qui peut être dangereuse, certifie le coordinateur d’Iodde. C’est très rare, surtout chez nous, ça l’est moins en Bretagne. ça peut arriver si l’échouage est très massif et qu’il reste plusieurs jours au soleil après une période de grandes marées, car les marées hautes suivantes n’arriveront pas à le remporter. Si une croûte blanchâtre s’est formée, il peut y avoir danger. Pour être sûr, il faut se fier à son nez : le sulfure d’hydrogène a une forte odeur d’œuf pourri. Alors il ne faut surtout pas s’approcher ni percer la croûte, ce qui ferait s’échapper le H2S.» 

 

Attention, seules les algues vertes sont sources de toxicité et uniquement dans ces conditions bien précises. Si elles se sont beaucoup développées ces quarante dernières années, c’est entre autres parce qu’elles sont friandes de nitrates et de phosphates, propices à leur croissance. Substances que l’on retrouve dans les engrais agricoles, apportées dans l’océan par les fleuves. Pour éviter tout incident, la communauté de communes de l’île d’Oléron a établi des diagnostics dès 2010, puis a intégré le Réseau de contrôle de surveillance (RCS) algues vertes. Ce suivi comprend plusieurs actions : prise de photos aériennes, analyse des échouages, évaluation du bon état des masses d’eau, etc. Porté jusqu’alors par Ifremer, c’est désormais la CdC qui prend le portage, avec l’appui du principal financeur, l’Agence de l’eau Adour Garonne. Cette décision a été prise à la suite de réorganisations internes au sein de l’institut et votée lors du conseil communautaire du 13 mars dernier. D’autre part, depuis plusieurs années, la CdC a confié à Iodde un suivi renforcé sur le terrain. Ainsi, l’évolution du phénomène est suivie au quotidien. Chaque commune est même équipée d’un appareil permettant de détecter la présence d’H2S. Pour l’heure, les taux n’ont jamais atteint un niveau inquiétant.

Commentaires des internautes
chris - le 11/08/2013 à 09:33
Il y a pourtant un dépôt blanchâtre entre st Denis et la Bree et rien est fait alors que de nombreux petits enfants se promènent sur la piste cyclable qui longe cette baie. C est une véritable puanteur; à croire qu' on veut faire fuir les vacanciers du camping qui se trouve là!
Zoller - le 11/08/2014 à 12:20
Je trouve ceci dommage pour la réputation de l'île d oleron car je ne relouerais jamais a l ile. Les algues vertes m ont gâchés les vacances l odeur est insupportable et impossible pour ma famille de se baigner sur les plages de saint Denis Obliges de s agglutiner sur la plage surveillée?nous venons dépenser énormément d argent pour nos vacances alors les communes ne pourrait elle pas mettre en place des vraies mesures pour cette pollution?
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