Saint-Trojan-les-Bains - N°120 - Janvier/Février 2013

Histoire - Un casino au Casino

 

Et si le Casino allait enfin obtenir son casino ? 90 ans après sa construction, l’ancienne salle de spectacle et de cinéma pourrait en 2015 abriter enfin le casino auquel, à l’origine, le bâtiment était destiné.

La construction du bâtiment le Casino à Saint-Trojan répond en 1930 à la volonté d’un développement important de la station voulue par la municipalité. La construction d’un nouvel hôtel des Postes est entérinée en août 1930 pour faire face à l’augmentation des baigneurs durant l’été. Le 1er mars 1931, une délibération du conseil municipal demande le classement de la commune en station climatique et de tourisme. Ce classement permettrait d’obtenir le droit de percevoir une taxe de séjour. Elle chiffre les possibilités de nuitées à 644 dans les hôtels, pensions de familles, villas et maisons meublées. A la question sur le nombre approximatif de personnes séjournant annuellement dans la station, la commune avance le nombre de 10 000 personnes du 1er juin au 30 septembre, chiffre somme toute exagéré. Elle indique également dans le paragraphe sur l’hygiène publique qu’elle «va commencer incessamment les travaux d’adduction d’eau et le réseau d’égouts». Si ce sujet est abordé, c’est que la question est vitale en vue d’obtenir le classement de Saint-Trojan en station climatique. Et le classement de station climatique est le passeport obligatoire pour obtenir un casino. En juin 1931, le Conseil supérieur d’hygiène décide d’écarter toute demande de classement en station hydrominérale, climatique ou de tourisme présentée par une commune dont l’alimentation en eau potable ne serait pas assurée tant en quantité qu’en qualité. La commune ne présentant que des projets d’adduction d’eau, le dossier de classement est renvoyé au préfet du département. Pendant ce temps, le bâtiment le Casino est alors une salle de spectacle qui accueille une formidable programmation, riche et très variée pendant toute la saison 1931. On peut voir et entendre entre autres l’opérette La cocarde de Mimi Pinson, les opéras-comique Le voyage en Chine, La fille du Tambour-Major, La poupée, ou bien encore l’opéra Faust, l’opérette Le grand Mongol, l’opéra Carmen, l’opéra-bouffe Joséphine vendue par ses sœurs, La Favorite, musique de Donizetti, le 27 août pour le super-gala de la saison... Fin septembre 1931, le Casino accueille la représentation d’adieu donnée par les artistes, son directeur remercie à son tour «non seulement mes fidèles spectateurs de Saint-Trojan, mais encore tous les habitués de l’île d’Oléron, dont le nombre va, d’année en année, s’accroissant. Comment pourrais-je être assez reconnaissant envers ce bon public de Saint-Pierre et du Château qui s’impose des déplacements très onéreux pour assister à nos représentations.»

A la fin d’année 1931, le journal Le Réveil de l’île d’Oléron rend hommage au travail de «Monsieur Dupleix, le sympathique directeur du Casino, fidèle à son idéal de décentralisation artistique dans l’île d’Oléron, après nous avoir donné cet été une saison lyrique en tout point irréprochable, tient à nous donner cet hiver des représentations de drames, vaudevilles et comédies. Ses efforts tendront tant au choix des œuvres jouées qu’aux artistes qui les interpréteront. Aussi tous les Oléronnais auront-ils à cœur de l’aider dans la tâche difficile qu’il s’impose, en assistant nombreux à ses représentations que tous, petits et grands, pourront voir et entendre. Donner des distractions saines et instructives à tous, voilà la devise que s’impose M. Dupleix. Sachons tous le reconnaître par notre présence au Casino.»

Le Casino se diversifie. La salle se transforme également en salle de cinéma en septembre 1931 avec le même programme cinématographique que celui présenté au Château où à Saint-Pierre à l’Eldorado-cinéma. Pour répondre au désir de la jeunesse oléronaise, tous les dimanches le Casino organise un grand dancing avec orchestre de 16h30 à 19h puis de 21h à minuit.

Au premier trimestre 1932, le Casino a un nouveau directeur, Jean Bailly-Luciat, ancien directeur du casino de Bourbonne-les-Bains dans la Haute-Marne, première et unique station thermale de Champagne-Ardenne. Les questions d’hygiène sont encore au cœur du débat du conseil municipal car tous les projets en découlent. Ce dernier entreprend les démarches administratives pour doter la ville du casino. Il écrit au maire le 13 avril 1932 qu’il a «bien fait les démarches pour l’obtention des jeux – démarches préparatoires – car le point de départ est la reconnaissance de Saint-Trojan en station climatique. Monsieur William Bertrand (député de la circonscription) me dit que pourtant le casino de Saint-Palais avait obtenu cette autorisation bien que n’ayant pas l’adduction d’eau.» La semaine suivante, dans une nouvelle lettre, il informe le maire de ses entretiens dans les différents ministères, ministère de l’Intérieur et ministère de l’Hygiène et «je me mets à votre disposition pour différentes démarches, l’autorisation des jeux étant une question vitale pour le Casino». Jean Bailly-Luciat ne ménage pas sa peine. Il annonce enfin une bonne nouvelle le 30 avril au maire car le chef de cabinet du ministre de l’Hygiène qu’il a rencontré pense que «le ministère de l’Intérieur, même si le ministre de l’Hygiène exigeait la finition complète des travaux pour la reconnaissance de la commune de Saint-Trojan en station climatique, pourrait accorder les jeux cette année par anticipation». En effet seul le ministre de l’Intérieur peut accorder des autorisations de jeux conformément à la loi de 1907 relative aux casinos. Cependant il semble que l’autorisation ne soit jamais parvenue. Le Casino n’abritera pas de casino et devient en 1934 le cinéma jusqu’à ces derniers mois. Mais peut-être que demain le casino fera enfin son arrivée à Saint-Trojan au…Casino.

Christophe Bertaud

Sur le même sujet, lire l'article "Nouveau gérant et nouveau lieu pour le casino"

 

 
Commentaires des internautes
BODIN - le 10/07/2017 à 15:15
Bonjour,
Qui est l'architecte en charge de la construction du bâtiment ?
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